Guide du patrimoine : Saint-Pabu

mardi 2 août 2011
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HISTORIQUE

Le bourg de SAINT-PABU est situé à l’embouchure de l’Aber-Benoît (en breton Aber‑Beniget) sur la rive gauche d’un estuaire sinueux et encaissé, long de 8 km.

Le patron de la commune est Saint-Tugdual. Venant de Grande-Bretagne, ce saint débarqua près du CONQUET où, avec ses compagnons d’émigration il fonda un monastère et une chapelle qui sont devenus l’église paroissiale de TREBABU. La légende de ce saint nous autorise à croire qu’il fonda aussi dans le district de PLOUDALMEZEAU, au bord de l’Aber‑Beniget, un autre monastère qui prit le nom de SAINT-PABU. Cette même légende aurait fait de ce personnage un pape, ce qui lui aurait valu le surnom de PABU.

En 1624, la chapelle de SAINT-PABU fut érigée en trêve par l’Evêque de LEON, René de RIEUX à la demande des habitants du lieu qui se plaignaient de l’éloignement de l’église de PLOUDALMEZEAU et des difficultés pour s’y rendre par des chemins défectueux.

Ce village en impasse, dont l’accès fut très longtemps difficile, ne fut sans doute pas propice à l’établissement d’une vie active. Barré d’un côté par l’Aber qui le sépare de LANDEDA, et de l’autre par la mer, il n’attire pas les populations, aussi les traces de son passé sont-elles rares.

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LE BOURG

L’activité première s’est vraisemblablement groupée le plus près possible de la rivière. C’est sur ses rives que l’on trouve les maisons les plus anciennes : Pors-ar-vilin, le Stellac’h, le Passage. C’est là aussi, un peu en retrait du rivage que s’est installé le bourg autour de l’église qui date du XVIIIème siècle. Tout près, un grand lavoir, utilisé encore il y a quelques décennies et alimenté par une fontaine ornée de la statue de Saint-Maudez en surplis.

LE MANOIR DE MESNAOT

Toujours au bord de l’eau, mais dans une anse encore plus abritée de l’Aber, on trouve quelques traces d’un ancien manoir à MESNAOT. Le colombier est encore visible de la route de LANNILIS, au niveau du Grand-Moulin. Le lieu a été longtemps exploité par une ferme qui conservait quelques pans de vieux murs ; c’est devenu une résidence secondaire depuis peu d’années.

Mais une légende est née de ce manoir. Le seigneur du lieu était la terreur de BAS-LEON. Il avait une fille, aussi belle que sage que le Diable, passant par-là, voulut épouser. Le seigneur accepta la demande, à condition que le prétendant lui amena, en une seule nuit ; l’eau de la fontaine de Saint-Ibiliau en PLOUGUIN, jusque dans la cour de son château. Le démon se mit à l’œuvre, construisit un aqueduc qui, avant l’aurore atteignait presque l’entrée de la cour. Heureusement, une servante avisée put arrêter le Malin. Elle courut au poulailler munie d’une lanterne et dirigea brusquement la lumière sur le coq qui, réveillé en sursaut ; lança son cocorico, signal du lever du jour. Le diable, furieux de n’avoir pas fini son ouvrage, s’enfuit, libérant ainsi la jeune fille.

Il ne faut pas mépriser les légendes. Elles ne sont pas toujours qu’un délire de l’imagination. Dans sa séance du 28 août 1875, la très respectable Société Archéologique du FINISTERE annonce l’existence en PLOUGUIN des restes d’un aqueduc de 3 km, allant de la fontaine de Saint-Ibiliau au manoir de MESNAOT. Dans la fosse maçonnée en moellons se trouvaient des tuyaux en argile s’emboîtant parfaitement, et placés à une profondeur de 0,50 m. Il n’y a pas eu que le diable à passer par-là…

"LE TRESOR DE SAINT-PABU"

C’est aussi à proximité de ce manoir qu’en février 1889, un tailleur de pierres découvrit près d’un bloc de granit, à 1 m de profondeur, un coffre en bois, recouvert d’une tuile, et renfermant 57 kg de monnaies romaines soit environ 10 000 pièces datées de 276 à 337, comprenant onze figures d’empereurs et d’impératrices allant de FLORIEN à CONSTANTIN LE GRAND. Il est probable que ce "trésor" soit la caisse d’un poste militaire contenant l’argent destiné à la solde des troupes et caché là au pied d’un bloc assez haut pour être facilement retrouvé. A côté de ce coffre furent recueillis trois vases en argent dont l’un, coupe à boire ronde et basse, était muni d’un rebord intérieur destiné à retenir le sable ou les graviers qui pouvaient se mêler à l’eau. Quelques temps avant, des carriers avaient également mis au jour trois bracelets d’or.

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LES CROIX

Ce sont encore les croix qui caractérisent les plus nombreux vestiges du passé.

Menhirs christianisés, premier témoin de la christianisation des itinéraires, croix sur stèles gauloises, croix nimbées ou croix frustres, vous les découvrirez au hasard des chemins.

Pour aider votre recherche, voici quelques itinéraires :
Partant de Theven-ar-Reut et prenant la direction de LAMPAUL par la rue Avel Vor, traversez la route de Corn-ar-Gazel, et au premier croisement suivant, à Mesmerot, vous trouverez, à main gauche, une petite croix du Moyen-Age qui sera mise ne valeur si vous la voyez en fin de matinée quand le soleil donnera toute sa lumière au Christ naïf qui y est sculpté. Continuez vers LAMPAUL et, au lieu-dit Kergrac’h, vous passerez devant une croix monolithe remise récemment en ce lieu après restauration. Enfin, un peu plus loin encore, au bas de la côte de POULLEDAN, se dresse une stèle gauloise surmontée d’une croix monolithe à branches pattées et en portant une autre sur son socle, gravée en creux sur le revers.

Prenons la route VC 2 qui conduit à PLOUDALMEZEAU par l’ancienne voie. Dépassez le croisement, Kroaz Marzin, et fouillez bien le talus sur votre gauche avant d’arriver à la première maison, vous découvrirez, si les herbes ne vous la cachent pas entièrement, encastrée dans le talus, une croix de granit jalonnant cet ancien itinéraire.

Suivons une troisième direction. Partant de Theven-ar-reut vers le bourg, prenons la première route à droite, vers kerlagadec. Là encore il faut s’arrêter au premier croisement de Kermerien, et sans doute couper quelques herbes pour mettre à jour une croix frustre placée sur le talus de gauche. Continuez tout droit, et, à une centaine de mètres apparaîtront deux autres croix assemblées récemment sur un même socle de granit. Le remembrement des campagnes ayant dérangé leur lieu primitif. Elles étaient autrefois placées de chaque côté de la route.
Celles-ci, contrairement à celle de Mesmerot, seront vues de préférence en fin d’après-midi. Un rayon de soleil étant nécessaire pour faire apparaître l’image du Christ sur la face tournée (sans doute par erreur) vers le talus).

Comme vous le voyez, chaque croix mérite attention et constitue un document précieux pour le passé.

LA VIE DU VILLAGE

On ne peut quitter les vestiges d’un village sans essayer d’évoquer ce que fut sa vie dans le passé pas trop lointain grâce aux souvenirs de quelques habitants nés au début de ce siècle. Ecoutons parler l’un d’eux qui conserve précieusement, au fond de sa mémoire ; les récits de sa grand-mère. Ceci nous ramène aux environs de 1800. Il évoque l’existence à
Pors-ar-Vilin, à l’endroit de l’actuelle crêperie, d’un négociant en bois qui recevait par mer sa marchandise. Comme il n’existe pas de quai, on peut penser que, comme le goémon, le bois était déchargé dans des charrettes que des chevaux amenaient jusqu’au bateau. Ce négociant possédait des chiens qui eurent fort à faire paraît-il avec des loups. Pour en arriver à bout, le maître avait mis à l’un d’eux un collier à pointes et il l’a lâché une certaine nuit afin d’assister au combat. Celui-ci fut rude et sanglant car le loup, s’attaquant à la gorge du chien, fut lui-même cruellement blessé et sorti vaincu du combat.

On signale dans un autre hameau la mort d’une mendiante, décapitée par un loup. Cet animal avait l’habitude d’entrer dans les étables par la toiture qui était de chaume. Il entra de la même façon dans la masure de la vieille femme qui ne put se défendre.

Le même interlocuteur se souvient de quelques images de son enfance. Il revoit en particulier Jeanne, la plantureuse cavalière qui vivait dans une ferme de l’Ile Garo, la première île au large de l’Aber-Benoît. Cette île est reliée à LANDEDA par marée basse, et, pour rejoindre SAINT-PABU, il fallait prendre le bateau qui assurait le traversée au lieu-dit “Le Passage”. Jeanne, un matin de basse-mer vint chercher son pain à SAINT-PABU. Elle passe à cheval jusqu’à LANDEDA, prend le bateau de service, y amarre l’animal qui suit à la nage. Elle va chercher son pain de 12 livres. Flâne-t-elle un peu en route ? Le temps presse. Si elle reprend le bateau, elle risque de trouver trop d’eau à LANDEDA. Aussi, décide-t-elle de tenter la traversée directement de SAINT-PABU pendant que la mer est encore basse. Elle monte sa solide jument blanche, d’une main s’accroche à la crinière, de l’autre elle maintient sur la tête son énorme pain et s’engage dans l’eau à la pointe de Beniget probablement. La bête et son fardeau arrivent à bon port à Garo, mais il fallut couper la crinière du cheval pour libérer la main de Jeanne où les crins avaient pénétré.

Si l’Aber-Benoît est aujourd’hui un des charmes de SAINT-PABU, ce bel estuaire n’a pas toujours facilité la vie de ses habitants.


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